DPE : Aménagements à venir sous le Gouvernement Barnier ?

DPE : Aménagements à venir sous le Gouvernement Barnier ?

Le DPE et l’économie d’énergie dans le secteur résidentiel est un enjeu d’importance pour le gouvernement Barnier. Avec la transition écologique au cœur des priorités, le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est devenu un outil incontournable pour évaluer et améliorer l’efficacité énergétique des logements. Toutefois, ce dispositif est source de tension, notamment pour les propriétaires bailleurs qui se voient imposer des travaux coûteux pour se conformer aux nouvelles normes. Le gouvernement de Michel Barnier, entré en fonction en 2025, semble adopter une approche plus flexible. Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a annoncé une adaptation du calendrier du DPE, soulignant ainsi un changement par rapport aux gouvernements précédents. Toutefois, la ministre du Logement, Valérie Létard, a été claire : l’interdiction de location des logements énergivores, prévue par la loi Climat et Résilience de 2021, sera maintenue.

Un Calendrier Jugé Irréaliste par les Propriétaires

Le principal enjeu réside dans le calendrier de mise en conformité. La loi Climat et Résilience, votée en 2021, impose des délais stricts aux propriétaires pour rénover leurs logements classés G, F ou E sur le DPE. Dès 2025, les logements classés G, les plus énergivores, seront interdits à la location, suivis par les logements F en 2028 et les logements E en 2034. Ce calendrier, bien que salué par les écologistes pour son ambition, est critiqué par les associations de propriétaires et les professionnels de l’immobilier, qui le jugent difficile à respecter. Selon la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) et l’Union nationale des propriétaires indépendants (Unpi), les travaux nécessaires pour améliorer la performance énergétique des logements coûtent souvent plusieurs dizaines de milliers d’euros, des sommes importantes, surtout pour les petits propriétaires. Ces rénovations s’ajoutent souvent aux remboursements d’emprunts immobiliers déjà contractés, aggravant ainsi la pression financière.

De plus, la difficulté à trouver des artisans qualifiés pour réaliser ces travaux complique encore la situation. Les entreprises spécialisées dans la rénovation énergétique sont débordées et les délais d’attente pour obtenir un devis ou un rendez-vous s’allongent. Les propriétaires doivent souvent faire appel à des artisans certifiés Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) pour pouvoir bénéficier des aides publiques, ce qui accentue encore la saturation du marché.

Une Ouverture Vers un Aménagement du Calendrier

Face à ces difficultés, le gouvernement Barnier semble plus enclin à écouter les doléances des propriétaires. Lors de son discours du 1er octobre 2025, Michel Barnier a annoncé que le calendrier du DPE serait « adapté ». Il s’agit d’une annonce importante, marquant une rupture avec les gouvernements précédents qui, sous la pression des militants écologistes, avaient jusqu’ici refusé tout assouplissement. Barnier a également exprimé sa volonté de « mieux cibler l’accompagnement des particuliers » dans leurs projets de rénovation énergétique, indiquant que des dispositifs d’aide plus efficaces pourraient être mis en place pour alléger la charge des propriétaires.

Bien que les détails de cet aménagement n’aient pas encore été dévoilés, de nombreux experts du secteur immobilier estiment qu’il pourrait s’agir d’un report des échéances pour la mise en conformité des logements classés G, F ou E. Ce report, s’il se concrétise, permettrait aux propriétaires de disposer de plus de temps pour planifier et financer leurs travaux, tout en soulageant la pression sur le marché de la rénovation énergétique, actuellement saturé.

Une Simplification du DPE en Vue

Outre l’assouplissement du calendrier, Michel Barnier a également évoqué une simplification du DPE. Ce diagnostic, qui a déjà fait l’objet de plusieurs révisions pour le rendre plus fiable et plus accessible, pourrait encore être allégé pour moins pénaliser certaines catégories de logements, notamment les petites surfaces. En effet, en juillet 2023, une simplification avait déjà été introduite afin de réduire l’impact disproportionné du DPE sur les petites surfaces, comme les studios et les T1, qui se retrouvaient souvent classés parmi les plus énergivores en raison d’un ratio surface/consommation d’énergie défavorable.

La simplification annoncée par Barnier pourrait aller plus loin, en facilitant l’accès aux propriétaires à des informations plus claires sur les travaux à entreprendre et les aides disponibles. Cela viserait à lever certains obstacles qui freinent actuellement la rénovation énergétique des logements, tout en maintenant la pression sur la lutte contre les passoires thermiques.

Une Position Pragmatique : Adapter sans Renoncer aux Objectifs Environnementaux

Malgré cet apparent assouplissement, le gouvernement ne souhaite pas pour autant abandonner ses ambitions écologiques. La ministre du Logement, Valérie Létard, a insisté sur la nécessité de maintenir la lutte contre les passoires thermiques. Elle a confirmé que l’interdiction de location des logements classés G, F et E serait maintenue, conformément aux objectifs de la loi Climat et Résilience. Ce que le gouvernement propose, c’est une adaptation du calendrier et des mesures d’accompagnement, mais sans remettre en cause les objectifs environnementaux de long terme.

Cette approche pragmatique vise à répondre aux critiques des propriétaires tout en respectant les engagements écologiques de la France. Le député Lionel Causse, président du Conseil national de l’habitat, a également rappelé l’importance de ne pas dévier de la lutte contre les logements énergivores, soulignant que ces logements contribuent fortement aux émissions de gaz à effet de serre.

En Conclusion : Un Équilibre à Trouver entre Contraintes Économiques et Objectifs Écologiques

L’adaptation du DPE sous le gouvernement Barnier représente un tournant dans la gestion de la transition énergétique du parc immobilier français. En offrant potentiellement plus de temps aux propriétaires pour se conformer aux normes, tout en simplifiant le dispositif et en renforçant l’accompagnement, le gouvernement cherche à répondre aux réalités économiques tout en restant fidèle aux objectifs écologiques. Cette approche équilibrée devra cependant être finement ajustée pour ne pas ralentir la lutte contre les passoires thermiques, un défi clé pour les années à venir.

En définitive, si des aménagements sont en cours de discussion, l’ambition de rendre le parc immobilier français plus performant sur le plan énergétique reste une priorité. Les prochains mois seront décisifs pour savoir comment ces ajustements seront mis en place, et dans quelle mesure ils permettront de concilier les impératifs écologiques avec les contraintes des propriétaires bailleurs.

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